La maroquinerie française jouit d’une excellente réputation, quatre raisons principales expliquent ce succès
Posséder un objet authentique et durable peut parfois sembler illusoire dans le monde actuel de la consommation. La maroquinerie relève ce défi en permanence avec ses professionnels capables d’imaginer, concevoir et produire des articles se bonifiant avec le temps. L’ambition de grands entrepreneurs et le talent de nombreux artisans ont permis d’établir l’excellence de la maroquinerie française.
1- La maroquinerie française s’appuie sur un passé très riche
C’est une activité artisanale ancienne, elle daterait selon certaines sources du Moyen-Âge. Grâce à Colbert, ministre de l’Économie et des Finances de Louis XIV, les métiers du cuir ont été très vite des acteurs historiques de l’économie française. En 1749, une manufacture royale du cuir est créée. La France devient dès lors un très grand producteur de peaux de qualité. On recense à cette époque 5000 ateliers de tannage, cette tâche désigne le travail de préparation des peaux. Entre 30 000 et
40 000 personnes sont employées dans ce secteur. Chaque ville comporte une tannerie et au moins un moulin à tan, ces constructions servent à produire la poudre d’écorce utilisée lors du tannage naturel.
Le cuir est alors le seul matériau à la fois souple et résistant. Une technique de traitement des peaux plus moderne a été créée par Armand Séguin : le tannage minéral. Il est effectué avec du sulfate de chrome, un sel minéral qui pénètre la peau, le tannage est terminé en 24 heures avec ce procédé.
2- Un savoir-faire en maroquinerie s’est développé en France
Des métiers anciens existaient avant que la maroquinerie ne devienne une spécialité reconnue. Ainsi, certains artisans exerçaient le métier de bourrelier. Leur tâche consistait à fabriquer et réparer des harnachements d’animaux et divers articles de cuir comme des sacs ou des courroies. Beaucoup de personnes établies dans les campagnes occupaient un travail lié au cuir, quelques artisans pratiquent encore le métier de bourrelier. Le mot maroquinerie n’apparaît qu’en 1835, année lors de laquelle est créé le premier portefeuille.
Ce métier comporte de très nombreuses étapes. La première consiste à concevoir l’objet qui sera fabriqué, ensuite vient la découpe du cuir qui implique de tracer des contours afin de délimiter les surfaces nécessaires. Après viennent les opérations de couture, effectuées entre autres avec le point sellier et le martelage des coutures. L’assemblage et les finitions concluent le processus. Toutes ces techniques se sont transmises de génération en génération et servent encore aujourd’hui dans des entreprises très renommées qui commercialisent des sacs, des bagages et des accessoires en cuir.
3- La naissance de marques de luxe a imposé l’excellence de la maroquinerie française
Un malletier de l’impératrice Eugénie crée des malles plus fonctionnelles et plus esthétiques que celles qui existaient par le passé. Cet artisan s’établit en 1854 non loin de la place Vendôme à Paris. Vers la fin des années 1970, cette marque prend une dimension exceptionnelle. Elle est par la suite intégrée à un groupe de luxe. Une autre enseigne a pour origine un harnacheur, ce qui illustre encore une fois la filiation entre les métiers anciens liés au cuir et les grandes marques actuelles de maroquinerie. Ces groupes ont leurs propres sites de production en France, ils forment leur personnel. Celui-ci utilise les mêmes outils que les artisans du passé à savoir : des aiguilles, du fil, de la cire, des alênes, des poinçons. La transmission du savoir-faire est un élément fondamental pour ces marques qui rayonnent.
4- Le marché de la maroquinerie est très large
Le marché de la maroquinerie française ne se limite pas aux grandes marques de luxe, d’autres entreprises participent aussi à la renommée de cette profession. Plusieurs tailles de fabricants existent, certains travaillent de manière artisanale avec de très petits effectifs et bénéficient également d’une grande reconnaissance de la part d’une clientèle nationale et internationale.
D’autres sont semi-artisanaux, cela signifie qu’une partie de leur fabrication est automatisée avec des machines. Les fabricants ayant plus de 50 personnes ont une production complètement industrialisée, ils concourent aussi à la très bonne réputation de la maroquinerie française, en effet de grands constructeurs automobiles, nautiques ou aéronautiques ont recours à leurs services.
Certaines boutiques sont particulièrement prisées, mais il est possible de se tourner vers une multitude de créateurs locaux. Ainsi vous pouvez vous laisser tenter par un sac à main en cuir chez Mauve et Fauve, un atelier d’artisanat d’art situé à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu dans la région nantaise. Cette maroquinerie, à l’image d’une multitude d’artisans comme Le petit atelier Luthi, Le corbeau créateur, lililalutine, Cénécia, MZ création, eko kojka symbolise également une part de ce savoir-faire français.
Article écrit par Patrice Sillhon